Retour sur la deuxième conférence du cycle "Le droit des affaires en perspective" !
L’IRDA met en place, sous la direction scientifique du Professeur Caroline COUPET, un cycle de conférences ayant pour objet d’élargir et d’enrichir l’approche du droit des affaires, en remettant en perspective certains des thèmes, institutions, concepts, œuvres doctrinales ou écoles de pensée, du droit commercial.
La deuxième conférence de ce cycle s’est tenue le mercredi 18 janvier 2023 ; elle était intitulée « Georges Ripert et le droit des affaires ».
À la lecture de certaines pages des Aspects juridiques du capitalisme moderne, on peut être étonné d'y déceler les principaux éléments des débats contemporains sur le gouvernement d'entreprise, le rôle des actionnaires dans la société, la place des salariés... Les réponses que le Doyen RIPERT préconisent sont en revanche souvent éloignées des choix actuels, et l'étude de ses écrits demeure entachée par la difficulté que le lecteur éprouve à distinguer l'homme de son œuvre. La conférence a eu pour objet de contextualiser les écrits de RIPERT et de susciter la réflexion sur la postérité de sa pensée.
Pour mener cette réflexion, deux personnalités se sont succédées.
David DEROUSSIN, Professeur d’histoire du droit et des institutions à l’Université Lyon III Jean Moulin, est revenu sur l’homme et son œuvre dans le cadre d’une approche historique ; il a d’abord rappelé la carrière de Ripert, l’universitaire, et le politique, secrétaire d’état à l’Instruction Publique et à la Jeunesse du gouvernement de Laval, arrêté et incarcéré jusqu’au 14 février 1945 jugé en 1947 par la Haute Cour de justice pour haute trahison, et relaxé pour « faits de résistance », sans que l’on trouve trace, dans le compte rendu de la séance, des faits dont il s’agit. David DEROUSSIN s’est interrogé plus longuement, dans un second temps, sur le positionnement intellectuel de Ripert, en revisitant ses écrits. Conservateur sûrement, Ripert était-il positiviste ? jus naturaliste ? ou encore réaliste ? Dans un dernier temps, ce sont les relations de Ripert et de l’économie qui furent approfondies, en guise de transition.
Jean-Baptiste BARBIÈRI, Maître de conférences à l’Université Paris-Panthéon-Assas, s’est quant à lui intéressé aux ramifications de la pensée de Ripert en droit positif à partir de l’étude de son célèbre ouvrage, Aspects juridiques du capitalisme moderne. Ripert était-il visionnaire ? Sans doute lorsqu’il pressentait une bascule entre « L’ère des sociétés par actions » et « l’entreprise capitaliste », anticipant d’une certaine manière le mouvement qui affecte le droit des sociétés qui, après avoir été consacré à la simple structuration des rapports entre associés et dirigeants, évolue dans le sens d’une appréhension poussée de l’entreprise. Mais Jean-Baptiste BARBIÈRI a montré que les voies aujourd’hui empruntées sont très éloignées de celles proposées à l’époque par Ripert.