L’IRDA met en place, sous la direction scientifique du Professeur Marie-Laure COQUELET, un cycle de conférences ayant pour objet d’élargir et d’enrichir l’approche du droit des affaires, en remettant en perspective certains des thèmes, institutions, concepts, œuvres doctrinales ou écoles de pensée, du droit commercial.
La dixième conférence de ce cycle s’est tenue le mardi 2 décembre 2025 et avait pour thème « La monnaie ».
Les mutations récentes de la monnaie, alimentées par un saisissant renouvellement technique, donnent une actualité à certaines controverses qui appartenaient encore récemment à l’histoire de l’économie. L’histoire des monnaies, jalonnée par les différentes manières de frapper, d’imprimer, de copier, d’inscrire en compte ou encore d’endosser des instruments d’échange et de paiement, s’est construite autour d’une tension entre une monnaie imposée par le souverain, soumise au risque de dévaluation arbitraire ou de manipulation de la frappe, et une monnaie privée créée par les marchands, exposée aux risques de spéculation et de défaut. Pierre-Cyrille HAUTCŒUR, Directeur d'études à l'EHESS et professeur à l'École d'économie de Paris, est intervenu sur le thème de l’histoire de la monnaie, entre princes et marchands. Illustrée par des documents historiques et des données économiques, son intervention a permis de mettre au jours plusieurs cycles d’évolution des pratiques, bouleversées par les crises, le progrès techniques et les besoins des commerçants.
Les monnaies fiduciaires et scripturales, autour desquelles est bâtie l’économie mondialisée, sont aujourd’hui concurrencées par des monnaies numériques. Après le succès de la monnaie unique imposée entre ses États membres, l’Union européenne fait donc face au défi de la numérisation des échanges, corrélé au déploiement de la technique des registres distribués, ranimant sous une autre forme la tension, que l’on croyait apaisée, entre la maîtrise publique de la création monétaire et celle des opérateurs privés. Francesco MARTUCCI, Professeur de droit public à l'Université Paris-Panthéon-Assas, a mis en lumière les différentes approches des Etats-Unis et de l’Union européenne, pour appréhender ce phénomène de numérisation. Les premiers se sont appuyés sur une régulation des stablecoins dans le GENIUS Act, adopté en juillet 2025. La seconde privilégiant la création d’un euro numérique, tel qu’envisagé dans une proposition de Règlement publiée en 2023 par la Commission européenne.